Programme de la conférence d’André Monette
sur Georges Brassens
Notes biographiques et premières chansons
Georges Brassens naît le 22 octobre 1921 à Sète dans le sud de la France. En février 1940, Georges quitte Sète pour Paris; il est hébergé chez sa tante maternelle Antoinette dans le 14e arrondissement.
En février 1943, l’Allemagne nazi impose au gouvernement de Vichy la mise en place d’un service de travail obligatoire (STO). En mars 1943, Georges se rend au camp de travailleurs de Basdorf, près de Berlln. Il travaille dans la manufacture de moteurs d’avion BMW. En mars 1944, il bénéficie d’une permission de quinze jours pour cause de maladie. C’est une aubaine à saisir. Il ne retournera pas en Allemagne.
À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche, de trente ans son aînée, accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont. Georges s’y réfugie le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz ni électricité (donc pas de radio). Il est loin de se douter qu’il y restera vingt-deux ans.
Il dédie à Jeanne cette chanson : https://www.youtube.com/watch?v=LO4IKnfEmp0 Il immortalise Marcel, le mari alcoolique et complaisant de Jeanne, par sa Chanson pour l’Auvergnat : https://www.youtube.com/watch?v=3GA0ue9F79o. Pour ne pas attiser la jalousie de Jeanne, Georges vit une amourette clandestine avec Josette, âgée de dix-sept ans (juin 1945-août 1946). Il s’agit d’une relation tumultueuse qui lui inspire la chanson Putain de toi : https://www.youtube.com/watch?v=bO5Cwu0ALc0
En 1947, il rencontre Joha Heiman (1911-1999). qui habite à quelques mètres de chez Jeanne. Née à Tallinn en Estonie, elle est son aînée de dix ans. Appelée affectueusement Pupchen, Ils ne se marieront jamais ni ne cohabiteront, mais il la verra périodiquement jusqu’à sa mort. Morte le 19 décembre 1999, dix-huit ans après lui, elle est enterrée à ses côtés. Il lui écrira J’ai rendez-vous avec vous, Je me suis fait tout petit (devant une poupée), Saturne, Rien à jeter et La Non-Demande en mariage.
Voici Rien à jeter https://www.youtube.com/watch?v=c9-XkK21T3I
La scène, du début jusqu’à la fin…
Les débuts de Brassens sur scène au début des années 1950 sont très difficiles. Après plusieurs tentatives infructueuses, il obtient une audition chez Patachou le 24 janvier 1952 dans le cabaret montmartrois de la chanteuse. Au bout de quelques chansons, Patachou est conquise et l’invite à se produire à son cabaret aussitôt que possible. Les jours suivants, malgré son trac, Georges chante sur la scène du cabaret Patachou. Pour le soutenir, Pierre Nicolas, bassiste dans l’orchestre de la chanteuse l’accompagne spontanément. Il l’accompagnera durant près de trente ans.
Patachou a vraiment lancé la carrière de Georges Brassens. Voici sa reddition de Brave Margot : https://www.youtube.com/watch?v=aciD81iRRlU. Patachou pique la curiosité du directeur du théâtre de Trois Beaudets, Jacques Canetti, également directeur de la firme phonographique Philips. Il se rend écouter Brassens à Montmartre le 9 mars 1952. Emballé, il convainc Philips de lui signer un contrat.
Le 19 mars, l’enregistrement du Gorille et du Mauvais sujet repenti s’effectue. La chanson Le Gorille est interdite sur toutes les stations de radio françaises en raison de ses paroles jugées pornographiques. Cette interdiction contribue à mousser la popularité de Brassens. La voici : https://www.youtube.com/watch?v=s9NQlhId3ow
Une autre chanson des origines, Le Parapluie, remporte Grand Prix du disque 1954. https://www.youtube.com/watch?v=3DrIbGgIWS8é Le 6 avril 1952, Brassens fait sa première émission télévisée à la RTF. Il chante La Mauvaise Réputation : https://www.youtube.com/watch?v=NZJ2Mb89eZU.
Il est engagé à partir du mois de septembre 1952 aux Trois Baudets ; le théâtre ne désemplit pas. Dans le public, les chansons comme Hécatombe scandalisent les uns, ravissent les autres. https://www.youtube.com/watch?v=cPAJfGy2Iyc.
Ces controverses contribuent à faire fonctionner le bouche à oreille.
Dès lors Brassens gravit les échelons du succès. En 1953, tous les cabarets le demandent et ses disques commencent à bien se vendre.
Son premier passage à Bobino se fait en février 1953.
J’ai découvert Brassens en 1954. Cela fait donc soixante-dix ans que je l’admire. J’aimais bien ses premières chansons mais j’avais un faible pour Les amoureux des bancs publics : https://www.youtube.com/watch?v=eztSYUFUe8I.
Plusieurs années plus tard, lors d’un spectacle d’amateurs au théâtre Petit Champlain dans le vieux-Québec, je me suis lancé dans Les sabots d’Hélène : https://www.youtube.com/watch?v=Lg470ipRgL4.
Avec le succès, l’argent commence à entrer. En 1954, Pierre Onténiente, le copain de Basdorf, accepte de l’aider à gérer ses affaires. En 1955, Brassens fait l’acquisition de la maison des Planche et de celle qui lui est mitoyenne pour l’agrandir. Les lieux sont modernisés. En 1956, Onténiente devient secrétaire-impresario à plein temps de Brassens. Il gagne le sobriquet de Gibraltar pour la manière dont il défend les intérêts de son protégé.
En 1961, Georges sort un disque en hommage au poète Paul Fort mort l’année précédente. Il aime les poètes et chante l’admirable Les Passantes basée sur un poème d’Antoine Pol : https://www.youtube.com/watch?v=OV5bI0tixYQ.
En 1963, il reçoit le titre de meilleure chanson de l’année avec Les Trompettes de la Renommée : https://www.youtube.com/watch?v=u6wadlAW41Q.
Le film d’Yves Robert, Les Copains sort en 1965. Pour le générique, Brassens a composé Les copains d’abord. Le succès que cette chanson rencontre est tel qu’il rejaillit sur les ventes de son premier album 33 tours et sur son triomphe à Bobino. https://www.youtube.com/watch?v=mTleytrWqlY (les trois premières minutes). C’est dans ce film qu’on trouve le célèbre discours de Philippe Noiret dans la chaire d’une église : https://www.youtube.com/watch?v=sYD-GQ5LzHo&t=327s. L’album 33 tours contient aussi la célèbre chanson antimilitariste Les Deux Oncles : https://www.youtube.com/watch?v=Qgm9oy5ZPwk.
À l’automne 1966, Georges se produit sur les planches du Théâtre national populaire avec Juliette Gréco qui en assure la première partie. Chaque soir, il présente sa Supplique pour être enterré à la plage de Sète : https://www.youtube.com/watch?v=meipXWeuEbM
Il ne participe aucunement aux événements de mai 1968. Au début des années 1970, Brassens engage son ami Jean Bertola comme secrétaire artistique et organisateur de ses tournées. Nous entendrons plus tard Bertola interpréter de façon posthume des chansons que Brassens n’a pas enregistré. En 1972, Georges participe à une soirée spéciale contre la peine de mort à Paris et il interprète la chanson Mourir pour des idées en réponse aux réactions mitigées envers la chanson Les Deux Oncles : https://www.youtube.com/watch?v=p-ZI28nbSDQ.
Le 19 octobre 1976, il s’installe à Bobino pour cinq mois. Il présente les nouvelles chansons de son dernier album dont celle qui lui donne son nom : Trompe-la-mort. https://www.youtube.com/watch?v=SQpt9YvOekM. Le 20 mars 1977, jour de la dernière, personne ne se doute qu’il ne foulera plus jamais les planches de son music-hall de prédilection.
Brassens meurt le 29 octobre 1981. Le choc de sa mort est immense dans toute la France et la francophonie. Jacques Chancel a proposé une émission spéciale de 71 minutes au sujet de la mort de l’artiste. Je ne la présenterai pas ce soir, mais elle est disponible sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=MeY9GehXuOk&t=2318s.
Autre artistes interprétant les chansons de Brassens
En 1979, Georges avait quinze chansons prêtes à être gravées mais il ne pourra mener à bien ce projet. Après sa mort, Jean Bertola accepta de les chanter dans un album Dernières Chansons qui obtiendra un succès commercial.
De cet album voici Le Sceptique : https://www.youtube.com/watch?v=odsn1whpi1s
Voici : Tant qu’il y a des Pyrénées : https://www.youtube.com/watch?v=LHUMvs8sk5Q&list=PLNRrfY4IJ9rHbVvCdYIqfos1tpU37S_-M&index=21
Maintenant, Entre la rue Didot et la rue de Vanves : https://www.youtube.com/watch?v=q_WVfRPpCpE&list=PLNRrfY4IJ9rHbVvCdYIqfos1tpU37S_-M&index=10
Il y a une quinzaine d’années, lors d’un voyage à Paris, Mireille et moi avons vu l’annonce d’un concert Brassens dans la mairie du 9ème arrondissement. Concert gratuit. Nous y allons de bonne heure; heureuse décision parce que la salle se remplit et les tardifs doivent rester debout. Ce fut une soirée magique! L’étoile du spectacle se nomme Bruno Granier, un petit cousin de Georges Brassens.
Voici son interprétation de l’Orage : https://www.youtube.com/watch?v=76qS625DbsQ
Lors de ce concert, nous avons fait une découverte dans le répertoire Brassens - Le chapeau de Mireille par Marcel Amont : https://www.youtube.com/watch?v=hZPVpxFl5F0
Des chanteuses québécoises ont célébré Brassens. Mireille a suggéré la regrettée Renée Claude. Voici la non-demande en mariage composée pour Pupchen : https://www.youtube.com/watch?v=yRVXH0lcGmE.
Je propose maintenant une trilogie de La Fessée, soit déclamation d’un poème et une comparaison de deux groupes.
Ce poème de Brassens est dit par Jean-Pierre Marielle : https://www.youtube.com/watch?v=3-OAFMDXwBg&t=174s
Une de mes meilleures découvertes sur YouTube fut celle de Ezra Bouskéla et Anne de Fleury. Leur version de La Fessée https://www.youtube.com/watch?v=PTE1aXVy-AA
Une autre découverte intéressante est celle de Yves Uzureau : https://www.youtube.com/watch?v=Jm8adVbdxAg. Restons avec Uzureau et son ensemble pour La complainte des filles de joie : https://www.youtube.com/watch?v=_PlHiiMps3w.
Retournons à Bouskéla et de Fleury pour Quatre-vingt quinze pour cent : https://www.youtube.com/watch?v=JflvPEkJ10k
Pour terminer, deux chansons composées en hommage à Georges Brassens.
La première s’intitule À Brassens par Jean Ferrat : https://www.youtube.com/watch?v=dC9S2u6pEa8
La seconde s’intitule Les amis de Georges par Georges Moustaki : https://www.youtube.com/watch?v=xsRPI6VkEh8